RCA/UA : Addis Ababa : du 13 au 15 Juin 2017: Son Excellence Catherine SAMBA PANZA conduit la réunion d'échanges des femmes burundaises de la société civile.

12/06/2017

Facilitatrice du dialogue des femmes burundaises ), Son Excellence Catherine SAMBA PANZA (CSP) a été sollicitée une fois de plus par l'UA, ONU femmes et la Conférence  Internationale  sur la Région des Grands Lacs (CIRGL) pour apporter son appui technique à la rencontre d'échanges des femmes burundaises de la société civile.

Cette rencontre a lieu dans le cadre du dialogue des femmes burundaises, initié d’un commun accord par l’UA et  la CIRGL afin d'inclure les femmes  dans le processus de dialogue en cours pour le règlement pacifique de la crise  et la restauration de la paix au Burundi.

L'objectif de cette réunion est double : dans un premier temps, mettre en place un espace d'échanges constructifs afin de réfléchir à la crise et son impact sur les femmes et dans un second temps, faire des propositions concrètes allant dans le sens de l'implication réelle des femmes dans la vie politique et la prise de décisions au Burundi.

Il faut dire que le Burundi traverse une crise politique qui résulte de la volonté de l'actuel Chef d'Etat, Mr Pierre NKUNRUNZIZA, de briguer un troisième mandat pour les élections 2015. D’une part il y a les partis politiques d’opposition ainsi que certaines organisations de la société civile qui contestent ce mandat jugé illégal et anticonstitutionnel et d’autre part le parti au pouvoir. L'éclatement de cette crise a créé une situation de  peur et d’insécurité avec  des conséquences non négligeables sur les femmes et filles de tout bord. En effet, des cas de violation des droits fondamentaux des femmes et des filles y compris des cas de traitements dégradants et humiliants ont été rapportés. Les femmes et les filles ont été victimes d’abus, de sévices, de violences sexuelles y compris le viol.

Lors de sa première intervention, portant sur les « Expériences de médiation et de processus de paix par le panel des Femmes », Son Excellence CSP, avant d'évoquer son expérience entant que chef d' Etat de la Transition, est revenue sur  son parcours de militante des droits de l'Homme. Co-fondatrice et Vice-présidente de l’Association des Femmes Juristes de Centrafrique, passionnée de dialogue, elle a été impliquée dans les divers processus de paix, de dialogue et de réconciliation nationale en RCA. A titre d'exemple elle a ainsi co-présidé le Dialogue National tenue à Bangui en 2003 pour la réconciliation nationale et la relance socio-économique et a été élue Présidente du Comité chargé du suivi et de l’évaluation périodique de l’application des recommandations issues de ce Dialogue. Elle a à son actif la réconciliation entre l’ancien Président de la République David  Dacko et le Professeur Abel Goumba, en froid depuis 42 ans.

Avant de poursuivre sur les initiatives et les décisions qu'elles a prises au plus fort de la crise en RCA, ayant fait du dialogue la base de ses actions en instaurant des concertations régulières avec les représentants des partis politiques, les groupes armés, les associations féminines, les organisations de jeunesse et les leaders des confessions religieuses, les difficultés rencontrées et l'appui de la communauté internationale ....
Elle a également mis l'accent sur l'appui des femmes centrafricaines qui, selon elles, ont largement contribué par leurs actions au dialogue et a la réconciliation en Centrafrique . Avant de conclure que beaucoup reste a faire en Centrafrique comme dans d'autres pays africains  dans le domaine de la promotion du genre, de son implication dans les processus formels de paix, de la prévention des violences à l’endroit des femmes, de la prise en charge des victimes de ces violences et de la répression de tels actes.

La seconde intervention de Son Excellence CSP , a porté sur l' « Evolution du contexte burundais et son impact sur les femmes ».  Elle a retracé le contexte historique des crises en Burundi depuis la période de lutte pour l’indépendance. Ce pays a connu des crises cycliques caractérisées par des violences politiques et interethniques qui ont entraîné des centaines de milliers de morts et causé des déplacements massifs à l’intérieur comme à l’extérieur du pays.
Mais la signature de l’Accord d’Arusha pour la Paix et la Réconciliation au Burundi avait suscité, pour les Burundais et pour les partenaires du Burundi, un espoir dans la mesure où cette convention venait de montrer qu’une crise violente grave pouvait se résoudre par le dialogue.

Force est de constater que depuis Avril 2015, date de la décision du Président  Pierre Nkurunziza de briguer un troisième mandat, le Burundi traverse une crise multiforme tant politique, sécuritaire, sanitaire et humanitaire que désormais économique et financière.

C’est au regard du drame qui se profilait à l’horizon  que le Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union Africaine(CPS)  la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Est (CEAE), l’ONU à travers ses divers Organes, les ONG nationales et internationales ont déployé des efforts considérables, d’abord pour avertir les autorités gouvernementales et les différents partis d’opposition sur la nécessité d’éviter l’escalade de violence, et surtout de privilégier la voie du dialogue et du consensus pour la résolution du conflit. En poursuivant sur le rôle que pourraient jouer des femmes burundaises, son Excellence CSP a affirmé que pour faire face à ce contexte, les femmes de toutes les catégories devraient donc se mobiliser et s'organiser progressivement en un mouvement de solidarité et de plaidoyer et transcender leurs divisions ethniques et politiques en faveur d'une paix et d'une sécurité durables au Burundi.

Et cela est possible en raison de l'histoire du Burundi qui montre que les femmes burundaises ont activement contribué aux processus de paix dans le passé et pourraient encore le faire. Elles ont les capacités et les possibilités de surmonter leurs différences pour contribuer activement à la promotion de la paix et de la sécurité.

Au terme de ces deux   jours de travaux, les résultats attendus sont entre autres : s'entendre et bâtir un consensus sur la perception  femmes autour de la crise burundaise ; acquérir des compétences en plaidoyer et développer un programme pour influencer le dialogue burundais ; proposer une feuille de route pour la résolution pacifique de la crise.