Engagements

Militante de la Ligue des Droits de l’Homme depuis 25 ans

Les importants changements politiques, institutionnels, économiques et sociaux qui ont marqué la fin du 20è siècle n’ont pas laissé les centrafricains indifférents. Sensibles au vent fort de liberté qui a soufflé sur le monde et sur l’Afrique dans les années 1990, les centrafricains aussi ont manifesté la volonté de vivre désormais dans un régime de droit et de pluralisme démocratique dans lequel leurs droits fondamentaux, leur dignité humaine, leur sécurité et une certaine justice sociale sont garantis.

La République Centrafricaine s’était alors engagée dans un processus de démocratisation.

La transition du pays vers la démocratie ne s’était pas réalisée en douceur. Les années 1990 ont été une période bien difficile pour la RCA : multiples et longues grèves dans le secteur public, consécutives aux retards accumulés des salaires paralysant l’Administration générale, les services hospitaliers, l’Education nationale ; signature en mai 1990, par 252 personnalités d’une « Lettre ouverte » pour réclamer l’organisation d’une Conférence nationale…

Très vite les Autorités du pays de l’époque vont orchestrer une vaste chasse aux sorcières : arrestation des syndicalistes et des signataires de la lettre ouverte, déportation d’enfants et des jeunes dans les villes de l’arrière-pays. Tous ces événements ont conduit un groupe de personnalités (magistrats, avocats, médecins, hommes d’église, enseignants…) à créer une Association des Droits de l’Homme.

C’est ainsi que le 1er juin 1991, naissait Ligue Centrafricaine des Droits de l’Homme (LCDH), dans un contexte marqué par la crise sociale, économique et politique, dans l’effervescence de l’instauration du multipartisme.

Très vite, cette organisation non-gouvernementale va s’engager aux côtés de démocrates dans des vastes mouvements du combat pour la conquête des libertés, le respect de la dignité humaine, l’élargissement de l’espace démocratique, la construction d’un Etat de droit, par la promotion des Droits de l’Homme sur toute l’étendue du territoire centrafricain et la défense et la protection des droits individuels.

Elle s’est notamment attelée aux activités de sensibilisation et de vulgarisation portant sur les mécanismes des Droits de l’Homme. Elle n’a eu de cesse d’attirer l’attention des Autorités sur les cas de violation flagrante des droits de l’homme et d’atteinte grave aux libertés individuelles et collectives. Les diverses Constitutions réaffirment l’attachement de la République Centrafricaine aux principes de la démocratie et des Droits de l’Homme tels qu’ils ont été définis par la Charte des Nations Unies de 1945 et la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et des Peuples adoptée en 1981 par l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA).

Nul ne peut méconnaître aujourd’hui le rôle important joué par les ONG dans la promotion et la protection des Droits de l’Homme, notamment par son enseignement au public, par la pression exercée sur les Etats afin de les amener à respecter les engagements pris au niveau international et par la dénonciation des violations des droits de l’homme sur le territoire national.

Militante convaincue pour la cause des droits de l’homme, Catherine Samba-Panza s’est tout de suite engagée au sein de la LCDH pour que les libertés et l’ensemble des idéaux de paix propres aux droits de l’homme puissent se renforcer et se développer en République Centrafricaine. Cela requiert des efforts soutenus et intégrés de la part de tous en matière d’information et de sensibilisation de la population sur l’existence de ses droits et devoirs. A cette fin, il y a toute une éducation aux droits de l’homme et à la culture de la paix qu’il faut inculquer comme valeur fondamentale de la société.

Leader engagée au sein de l’Association des Femmes Juristes

Juriste de formation, Catherine Samba-Panza faisait partie, dans les années 90, des femmes centrafricaines à penser qu’il était nécessaire, voire urgent que la République Centrafricaine ait son organisation de femmes juristes pour combler un grand vide. En effet, conscientes et guidées par une volonté commune de jouer un rôle d’avant-garde dans la lutte pour la promotion effective de la femme centrafricaine à travers la promotion de ses droits, l’objectif était de rendre le droit accessible aux femmes et aux enfants, en les informant et en les sensibilisant largement sur leurs droits et obligations d’une part et en aidant d’autre part les plus démunis, en particulier les veuves et les orphelins, à obtenir la protection de la loi par des conseils juridiques appropriés et une assistance judiciaire.

Le 19 Juin 1992, ces femmes juristes se sont réunies en Assemblée Générale Constitutive pour créer l’AFJC (Association des Femmes Juristes de Centrafrique). Première Secrétaire Générale de l’association, Catherine Samba-Panza a occupé ce poste pendant 9 ans, de juin 1992 à novembre 2001 puis elle a été Vice-présidente de 2001 à 2004. En dépit de certaines contraintes persistantes et des difficultés de tous ordres dues notamment à l’insuffisance de moyens humains et matériels, l’AFJC n’a pas démérité.

Dès sa création, l’AFJC s’est attelée à sa tâche. Elle s’est tout d’abord préoccupée de recenser les problèmes juridiques que les femmes centrafricaines affrontent dans leur vie quotidienne et a élaboré à partir de là un programme de travail qui lui a permis de réaliser de nombreuses activités et d’initier diverses actions tant au niveau national qu’international. Elle a ainsi eu à organiser des campagnes de sensibilisation sur les Droits de l’Homme en général et les droits de la femme en particulier.

La formation, l’information et l’éducation juridique du public, la sensibilisation, le plaidoyer, les conseils et l’assistance juridique ont constitué l’essentiel des activités de l’AFJC.

L’AFJC a activement participé à tous les séminaires, tous les débats d’idées susceptibles d’enrichir ses connaissances en matière d’aide juridique à la femme et de l’aider dans sa lutte pour la promotion effective des femmes et le rayonnement du droit en RCA, en Afrique et dans le Monde.

Au plan national elle a été présente à toutes les assises de réflexion et de propositions devant aboutir à des restructurations et transformations profondes en République Centrafricaine. L’AFJC a joué un rôle particulièrement actif dans la préparation et l’élaboration de stratégies nationales.

Elle a étroitement collaboré avec certains partenaires et le Gouvernement aux exercices de planification et de programmations nationales. Elle a participé à toutes les actions tendant à mettre en place les institutions d’une gouvernance transparente, responsable et efficace Elle a joué un rôle significatif dans l’élaboration des diverses constitutions, du Code de la Famille et du Code électoral. Elle a contribué de façon active à la résolution des différentes crises en participant aux divers Accords et Conférences de Réconciliation Nationale.

En parallèle avec ses programmes d’aides et de conseils juridiques, l’AFJC s’est également investie dans les activités suivantes :

  • Actions de Plaidoyer sur la problématique genre, la participation politique de la femme, pour l’adoption du Code de la Famille et contre les discriminations et les violences à l’égard des femmes ;
  • Partenariat actif avec les Associations féminines et autres ONG des droits de l’homme ;
  • Mise à la disposition de l’administration et d’organismes divers de compétence et d’expertises ;
  • Renforcement du cadre institutionnel et juridique de la Société Civile ;
  • Information et éducation civique.

Compte Tenu du caractère multidimensionnel et multisectoriel des problèmes juridiques rencontrés par les femmes, l’AFJC a dû s’impliquer et intervenir dans les domaines suivants : Santé, Lutte contre le Sida, Lutte contre la pauvreté, violences envers les femmes, Education, Population, Planification familiale, Droits sexuels et génésiques, Genre et Développement, Bonne Gouvernance, consolidation de l’Etat de Droit et de la Démocratie etc.

Au plan International, l’AFJC a affirmé sa présence à l’extérieur en participant avec beaucoup de bénéfices à des séminaires, colloques et rencontres organisées au niveau international et a su mettre à profit les sages enseignements tirés de ces assises. Les résultats ne se sont pas fait attendre. L’Association a pu obtenir à travers ces activités :

  • Le renforcement des capacités humaines, financières et matérielles de l’AFJC ;
  • L’amélioration du statut juridique de la femme et de l’enfant à travers le Code de la famille ;
  • La vulgarisation des textes Internationaux relatifs aux droits de la femme et de l’enfant ;
  • Un plus grand nombre de femmes informés et sensibilisés sur leurs droits ;
  • Une meilleure connaissance par la population des droits de la femme ;
  • Un plus grand nombre de personnes sensibilisées sur les violences faites aux femmes ;
  • Une plus grande implication des femmes au processus de prise de décisions ;
  • Une participation plus active des femmes dans les activités visant à consolider la paix, l’unité nationale et la démocratie ;
  • Une meilleure prise de conscience par les femmes de leur rôle de citoyenne ;
  • Une meilleure compréhension des systèmes électoraux ;
  • Une plus grande participation des femmes aux consultations électorales en tant qu’électrices et candidates ;
  • Un meilleur partenariat inter-ONG et Gouvernement-Société Civile.

L’ensemble de ces activités a conféré à l’AFJC un prestige dont elle peut à juste titre s’enorgueillir. L’AFJC est désormais une organisation reconnue sur le Plan National et International et qui joue pleinement son rôle dans l’édification de l’Etat de droit en Centrafrique. Elle est un partenaire reconnu dans la famille des ONG et les femmes de Centrafrique se reconnaissent en elle. Mais ces nombreuses réalisations ne doivent pas faire perdre de vue que l’essentiel n’a pas été fait et que beaucoup reste à faire. La persistance de certaines contraintes fondamentales (culturel, éducationnel, économique, juridique…) et des difficultés de tous ordres ne lui ont pas permis d’atteindre les objectifs fixés. Il est essentiel de donner à l’Association les moyens d’une meilleure affirmation et d’une meilleure présence par une intervention différente de celle du passé, tout en préservant les acquis. La redynamisation de l’association et des structures de base en impliquant davantage les membres de manière active et constante aux activités de l’Association est une priorité ainsi que la promotion du leadership des dirigeantes de l’Association.

C’est cette flamme d’engagement dans la cause des Droits Humains des femmes et des enfants que Catherine Samba-Panza tente de maintenir au sein de l’Association en lui faisant bénéficier de sa riche expérience de Leader.