L’ancien Chef de l’Etat de la Transition en Centrafrique, S. E. Madame Catherine Samba-Panza, toujours active pour promouvoir le leadership de la femme dans le processus de paix en Afrique.
Comme invitée d’honneur du Gouvernement d’Espagne, Son Excellence Catherine Samba-Panza a participé à la réunion internationale sur la diplomatie préventive en Afrique Subsaharienne qui s’est tenue le 21 mars 2017 au siège de Casa Africa à Las Palmas de Gran Canaria, l’Espagne ayant placé la prévention des conflits au cœur de sa politique étrangère.
Organisée sous l’égide du Ministère des Affaires Etrangères et de la Coopération d’Espagne, la réunion avait pour objectif d’ouvrir un vaste débat sur le rôle majeur de la diplomatie préventive, avec des représentants d’organisations internationales, régionales et sous-régionales, notamment des Nations Unies, de l’Union Européenne et de l’Union Africaine, ainsi que des représentants de laboratoires d’idées, d’ONG et des médias.
Les travaux ont porté sur les thématiques suivantes :
- Prévention des conflits et alerte précoce dans la région subsaharienne. Comment renforcer les Mécanismes d’alerte précoce des Nations Unies, de l’Union Européenne et de l’Union Africaine
- Les Nations Unies et la Coopération avec les organisations régionales et sous régionales pour la prévention des conflits
- Prévention de l’extrémisme violent en Afrique subsaharienne
- Agenda ‘Femmes, Paix et Sécurité’. La participation des femmes aux activités de prévention comme facteur-clé de la stabilité régionale.
Il est ressorti de l’ensemble des échanges, qu’au regard de la multiplication préoccupante des conflits et des guerres civiles en Afrique au cours des dernières années, il est aujourd’hui plus nécessaire et urgent que jamais de prévenir les conflits.
La nature des conflits actuels en Afrique, leur complexité croissante, le fait qu’ils soient désormais plus intra-étatiques qu’interétatiques, ainsi que l’intervention de puissants acteurs non étatiques ou la présence de l’extrémisme violent exigent un renforcement des mécanismes d’alerte précoce et de diplomatie préventive.
Si la prévention des conflits est l’essence même de la raison d’être des Nations Unies, les organisations régionales et sous-régionales africaines jouent un rôle majeur dans la prévention des conflits et la consolidation de la paix. Aujourd’hui les pays africains sont conscients de leur responsabilité collective en termes de prévention des conflits. Cette responsabilité est exercée dans une large mesure par le biais d’organismes régionaux (UA, CEDEAO, CEEAC, EAC, IGAD…).
Apres avoir prononcé le discours inaugural de la réunion, Madame SAMBA-PANZA a présenté le thème consacré au « Rôle des femmes pour la paix en Afrique ». En prenant la parole, l’Ancien Chef de l’Etat centrafricain n’a pas manqué de souligner que, face aux conflits en Afrique, en première ligne, on retrouve les femmes, à la fois victimes et actrices des changements en cours pour qui prendre le chemin de la paix est une nécessité absolue. En Afrique, de nombreux groupes de femmes ont militée et militent en faveur de la paix et de la reconstruction. Les femmes africaines interviennent en effet, souvent de manière informelle, lors des processus de paix, avant, pendant et après les hostilités. Bon nombre d’entre elles agissent au niveau local pour aider à restaurer le tissu économique, politique, social et culturel de leurs sociétés.
Alors que leur action dans les processus de paix informels a souvent des effets tangibles, les femmes sont rarement impliquées dans les processus de paix officiels. En général, elles ne figurent pas parmi les dirigeants politiques ou militaires, lesquels sont les personnes qui participent habituellement à ces processus.
Or les efforts faits pour parvenir à un règlement des conflits et s’attaquer à leurs causes profondes ne réussiront que s’il est donné à tous ceux qui en subissent les effets préjudiciables, notamment et surtout aux femmes, les moyens de s’impliquer dans leur résolution.
La communauté internationale a appelé l’attention du monde sur le fait que la participation croissante, pleine et entière des femmes, dans toutes les opérations ayant trait a la prévention d’un conflit, au règlement d’un différend et a la reconstruction d’un pays après un conflit, aux opérations humanitaires et aux opérations de consolidation et de maintien de la paix est absolument essentielle a l’instauration d’une paix durable.
Cette initiative découle de la résolution 1325 portant sur les femmes, la paix et la sécurité adoptée en octobre 2000 par le Conseil de sécurité des Nations Unies. La résolution 1325 a eu un impact considérable sur la participation des femmes dans tous les domaines liés à la paix et la sécurité.
Plusieurs pays africains ont adopté la Résolution 1325 et environ 16 Etats ont mis en place des plans d’action nationaux pour son application. L’Union Africaine a, elle aussi, fait des efforts notables pour intégrer des engagements relatifs aux femmes, à la paix et a la sécurité dans ses propres mesures de sécurité et de protection des doits de l’homme et dans ses stratégies de réponse aux crises et de consolidation de la paix.
S’il est vrai que des progrès certains ont été réalisés dans la mise en œuvre de la résolution 1325, force est de reconnaître que les femmes sont toujours en minorité parmi les participants aux négociations d’accords de paix et de sécurité. D’après ONU FEMMES, les femmes ne représentent que 10 % des négociateurs, et 3 % des signataires des Accords de paix.
Madame Samba-Panza a conclu ses propos en affirmant qu’afin de permettre aux femmes africaines de pouvoir effectivement prendre part au processus de pacification, il est essentiel de mettre en place des législations et des politiques volontaristes de reconnaissance de leurs actions et organisations, tout comme de promotion des outils et des ressources leur permettant de disposer des mêmes atouts que les hommes, dans tous les domaines.
Apres l’Espagne, Madame Catherine Samba-Panza prendra part à Helsinki en Finlande, du 5 au 6 avril prochain, a la Troisième Conférence sur les Dialogues Nationaux et les Processus de Dialogue Non Formels.